Josie avait bien cru que jamais sa visite dans le bureau de Madame la surveillante générale ne finirait. Les cinquante coups de strap qu’elle avait reçus lui avaient laissé le souvenir d’une épreuve insupportable, la pire qu’elle ait endurée jusque-là. Aussi fit-elle tout son possible pour se tenir correctement au cours des jours suivants. Mais ses bonnes résolutions n’eurent qu’un temps. Son naturel indiscipliné reprit rapidement le dessus et le cours de musique du jeudi matin, parenthèse de plaisir dans sa vie maussade, fut à nouveau le prétexte à l’un de ces chahuts monumentaux dont elle avait le secret. Elle fut donc sanctionnée et comme c’était là sa troisième punition en moins d’un mois, le règlement intérieur exigeait qu’elle aille rendre compte de sa conduite en fin de semaine à Mère Mary Beverly, la Supérieure de l’établissement.
Le vendredi après-midi, la scolarité était écourtée. Les élèves étaient libérées après l’heure du déjeuner et pouvaient donc utiliser leur temps libre comme elles l’entendaient : travail à la bibliothèque, corvées domestiques - ménage, lavage, repassage - ou activités sportives. Josie, membre émérite de l’équipe de hockey, consacrait habituellement ses loisirs à l’entraînement. Ce jour-là cependant, elle dut quitter le terrain plus tôt que prévu et regagner au plus vite "Old Main", le bâtiment principal du collège, pour se présenter à l’heure à la convocation qui lui avait été fixée.
La Mère supérieure prit soin de la faire attendre dans la pénombre de son antichambre, la laissant redouter le pire, assise sur un banc de chêne inconfortable, dans un silence oppressant, cadencé par le tic-tac régulier d’une pendule. Dans sa précipitation, Josie ne s’était pas changée et avait conservé sa tenue de sport, composée d’une jupette bleu marine et verte, et d’un polo blanc. Ses cheveux longs, tressés en queue de cheval par-derrière et réunis par un ruban bicolore assorti à sa jupe, dégageaient sa silhouette adolescente en mettant en valeur la grâce de son port de tête et la finesse de son cou. Elle était encore essoufflée, les pommettes rosées, la nuque constellée de minuscules perles de sueur prisonnières de son duvet blond. Au rythme des battements de son cœur, le coton fin de son polo montait et redescendait en épousant les contours fermes de sa poitrine.
Quand la porte s’ouvrit enfin, elle sentit ses genoux s’effondrer. Devant le bureau trônait la chaise réservée aux visiteurs, en bois dur, au dossier raide et gigantesque. Josie la détestait et l’appelait « la chaise des supplices ». Toute élève qui avait le malheur de s’y asseoir savait qu’elle finirait très vraisemblablement en travers de celle-ci pour recevoir la correction et, pis encore, qu’ensuite, le postérieur en feu, elle devrait en supporter le contact ferme et glacé pendant tout le temps que durerait le sermon implacable de Mère Mary Beverly.
Josie crut qu’elle était autorisée à s’asseoir.
- Non non, restez debout !
Tremblante, le pan de sa jupe couvrant tout juste le haut de ses cuisses nues, elle se tint silencieuse, les genoux serrés, les yeux baissés, estimant inopportun de réfuter les accusations portées contre elle. La Supérieure était plongée dans la lecture de son carnet de conduite où les punitions de la semaine avaient été scrupuleusement notées par ses professeurs et accompagnées de commentaires sans indulgence. Un silence de plomb enveloppait la pièce. Josie pouvait entendre son cœur battre et ses oreilles siffler.
- Félicitations, Mademoiselle, continuez à ce rythme et je pourrai prochainement annoncer votre exclusion de notre établissement à votre tante, peut-être même sans attendre la fin de l’année !
- Oh non, ma Mère, s’il vous plaît, ne me renvoyez pas, je vous en supplie ! Je vous promets que je vais faire des efforts, je veux bien tout ce que vous voulez mais pas ça !
- Tout ce que je veux ? Ah vraiment ? Eh bien, c’est ce que nous allons voir !
Mère Mary Beverly se leva, fit le tour de son bureau et tirant Josie par sa queue de cheval, l’entraîna dans un coin de la pièce, vers un canapé sur lequel elle s’assit après avoir redonné forme aux coussins. Blême, Josie retenait ses larmes avec difficulté. La Mère supérieure la prit par le poignet et la bascula énergiquement sur ses genoux, dosant instinctivement la force nécessaire pour que son élève se retrouve en déséquilibre, le postérieur bien en évidence, la tête penchée en avant et les jambes en l’air. Josie tenta de se défendre mais le bras ferme de la Supérieure entoura immédiatement sa taille pour l’empêcher de réagir. Elle se sentit tout à coup vulnérable. C’est précisément la sensation que Mère Mary Beverly souhaitait lui faire ressentir quand elle releva le pan de sa jupe pour le rentrer au niveau de sa ceinture. Recourbant ses doigts en crochet, elle les introduisit de part et d’autre sous l’élastique de sa petite culotte moulante et abaissa celle-ci à mi-cuisses. Josie se mit à se tortiller et à se débattre. S’il y avait bien quelque chose qu’elle ne pouvait pas supporter, c’était d’être déculottée pour recevoir la fessée. A chaque fois, elle éprouvait la déplaisante sensation de retomber plusieurs années en arrière, au temps où sa tante Antoinette la corrigeait après l'avoir surprise en train de faire des bêtises.
La fessée en général, mais surtout celle déculottée, était particulièrement embarrassante pour l’élève qui en était victime. L’humiliation qui l’accompagnait était d’autant plus mortifiante que celle qui la recevait était âgée. Il ne fallait donc surtout pas en priver les « grandes ». Elle devait au contraire faire partie de la punition jusqu'à la fin de la scolarité.
Mère Mary Beverly tapota énergiquement les fesses rebondies et fermes.
- Prête ?
La jeune fille se mordit les lèvres, secouant la tête, des larmes chaudes voilant ses yeux d’une colère rentrée. Non, pensa-t-elle, elle n’allait pas se mettre à pleurer comme un bébé. Sûrement pas ! Les premiers coups s’abattirent en cadence, lentement au début, comme si la supérieure s’échauffait progressivement. Le souffle coupé par la surprise et par la peur, Josie se crispa et émit un léger halètement. Le rythme et la vigueur des coups ne tardèrent pas à s’accentuer. Rapidement ses jambes s’agitèrent en l’air comme si elle voulait distribuer des ruades à gauche et à droite et des cris s’échappèrent de ses lèvres
- Ooooh, Owww, …Oowwww …Nooooo, please, Oowwwww …
Tandis que les coups redoublaient et gagnaient en intensité, Josie se débattit et essaya de se dégager du carcan qui lui emprisonnait la taille tout en manifestant son désarroi par des hochements de tête furibonds. Ses fesses étaient maintenant en feu. Elle ne put contenir plus longtemps des larmes de honte et de douleur. Manifestement, elle avait affaire à une spécialiste. Mère Mary Beverly continua donc sur sa lancée sans aucun état d'âme jusqu'à un crescendo final d'une série finale d’une demi-douzaine de coups sur chaque fesse, circonscrite à la partie la plus basse, à la jointure très sensible du haut des cuisses, ce qui la fit pousser des hurlements encore plus aigus, comparables à ceux d’une fillette.
- Oowww, owww, Ohhhh, …uh … uh … hwwww, hhhwwwww …
- Pour commencer, vous garderez votre col boutonné et sans cravate pendant une semaine, Mademoiselle ! [A Saint Mary’s Hall, cette entorse à l’uniforme signalait de façon codée à l’attention de tout l’établissement qu’une élève avait reçu une fessée déculottée de la main de la Mère Supérieure].
Puis l’empoignant à nouveau et sans ménagement par sa queue de cheval, elle la força à se redresser et à se remettre debout tant bien que mal, le pan de sa jupe toujours retenu dans sa ceinture. Les mains de Josie se dirigèrent instinctivement vers son postérieur, dans un réflexe frénétique pour apaiser la brûlure insupportable qui l’enflammait.
- Vos mains, Josie ! gronda-t-elle avec vigueur, jusqu’à ce qu’elle l’observe ramener celles-ci le long de son corps et, faute de mieux, tirer nerveusement sur les plis de sa jupe en signe de dépit.
Josie continua à sangloter, la poitrine parcourue de convulsions maintenant plus espacées, le visage écarlate et sillonné de larmes. Mère Mary Beverly, tout sourire, la regarda se tortiller d’un pied sur l’autre, tendue sur la pointe des orteils, en proie à une agitation désordonnée qui eut pour résultat, à son grand désespoir, de faire glisser sa petite culotte encore plus bas, autour de ses chevilles. Toute son attention était maintenant concentrée sur l’ordre imminent qui lui enjoindrait de remonter celle-ci, donnant ainsi le signal de la fin de ses épreuves. Mais cet ordre ne vint pas. A la place, Mère Mary Beverly s’avança vers elle et posa sa main sur son épaule.
- “Now then, young lady, step out!”
Josie crut subitement que son cœur venait de s’arrêter. Son visage s’empourpra violemment, sous le choc d’une extrême contrariété. Elle avait bien entendu. L’ordre était sans équivoque. On lui demandait de faire un pas en avant. En clair, cela signifiait qu’elle n’était pas autorisée à renfiler sa petite culotte. Il fallait en déduire que la punition allait continuer et que la Supérieure avait prévu une suite. Elle n’allait tout de même pas lui administrer une deuxième fessée ! Lentement elle leva un pied puis l’autre afin de dégager ses chevilles et, prête à éclater en sanglots une nouvelle fois, elle se figea dans la contemplation hébétée de sa lingerie maintenant étalée en toute impudeur à même le sol. Sans le moindre signe de pitié et en la poussant dans le dos avec un instrument dur qui avait la consistance du bois, la Supérieure fit avancer Josie jusqu’à son bureau.
- « Bend over », oui, c’est ça, penchez-vous, le buste bien à plat.
Le bureau était si haut et Josie était si petite qu’elle eut du mal à se courber dessus. Elle se dressa sur la pointe des pieds et s’inclina. Après avoir tâtonné et étiré le plus possible les bras en avant, elle réussit finalement à crocheter le bord opposé avec ses doigts et à l’agripper fermement, détournant le visage de la fenêtre pour éviter un pénible face à face avec son reflet et avec celui de la Mère supérieure, occupée à rentrer soigneusement le bas de sa jupette sous l’élastique de sa taille. Elle aurait pu lui demander de la retirer complètement mais elle trouvait plus humiliant de la laisser à moitié nue.
Comme elle le pressentait, l’instrument du supplice serait bien un battoir en bois, un « paddle », dont Mère Mary Beverly prit un malin plaisir à vanter les qualités. Il s’agissait d’un modèle épais et long d’une quarantaine de centimètres, fabriqué sur mesure par la maison Fletcher & Harriman, fournisseuse officielle des collèges. Percé à intervalles réguliers dans sa partie la plus évasée d’une double série parallèle de cinq larges trous circulaires, il était terminé par un manche ergonomique permettant une prise en main confortable. Sa structure en bois de chêne lui garantissait une dureté et une lourdeur sans égales. Le fabricant ajoutait que l’équilibre de l’ensemble était calculé pour éviter toute fatigue au niveau du poignet et que les perforations lui conféraient une force de frappe supplémentaire (« an extra bite »). Avec un sens de l'humour très particulier et qui n'appartenait qu'à elle, elle l'avait surnommé "the board of education".
- Vous allez m’en dire des nouvelles !
Le plus terrible, avant même que l’épreuve ait commencé, était de devoir écouter la Supérieure décrire la punition dans les moindres détails et décliner avec une précision médicale les différents stades des sensations qu’elle allait éprouver.
- Sa masse épaisse et rigide va s’abattre d’un coup sur vos rondeurs en les comprimant sous son poids avec un bruit plein et entier. Vous allez ressentir une douleur vive, à vous couper le souffle, suivie avec un léger décalage d’une sorte d’élancement continu, profond, insoutenable, qui va vous irradier tout entière. Entre chaque coup, je laisserai à la brûlure le temps de se diffuser et de se consumer lentement. Vous ne pourrez rien faire sinon vous résigner à subir et je doublerai la punition si je vous surprends à vous frotter les fesses avec vos mains.
Du bout de l’instrument, la Supérieure releva le menton de Josie pour lui faire partager la lueur amusée qui éclairait son regard pendant qu’elle prononçait cette ultime mise en garde. Elle contourna son bureau, vint se placer derrière elle, légèrement sur le côté, et après avoir balayé l’espace d’amples mouvements de moulinet, rectifia imperceptiblement ses marques pour s’assurer une position idéale. Josie ferma les yeux. Elle sentit le paddle s’élever, s’immobiliser un bref instant en l’air, puis émettre un sifflement caractéristique au travers des perforations et retomber avec un bruit mat sur ses rondeurs encore chaudes de la fessée précédente. La sensation qu’elle éprouva alors correspondait très précisément à ce que la supérieure venait de lui exposer. Une chaleur persistante, tenace, contenue, comme celle d’un feu qui couve sous la cendre, prêt à s’enflammer à la moindre étincelle. Au troisième coup, elle agrippa plus fermement le bord du bureau et se mit à gesticuler.
- Oh … owwwwchhhh !!
Au sixième, elle se remit à dandiner d’un pied sur l’autre. Au septième, elle commença à renifler et au neuvième, elle éclata en pleurs, secouant la tête en tous sens, les yeux noyés de larmes, éperdus, le haut du corps secoué de sanglots incontrôlables. A ce stade, peu lui importait de continuer à sauver les apparences en feignant de se montrer insensible à la douleur. Sa seule obsession se concentrait sur le nombre de coups qu’il lui restait encore à subir et sur le moment où elle pourrait enfin appliquer ses mains sur le bas de son dos pour en atténuer la douleur. Le dernier coup lui fut appliqué tout en bas des fesses, la prenant par-dessous, à l’endroit le plus sensible, et la souleva littéralement au-dessus du sol, les orteils en l’air, avant de la laisser retomber sur ses pieds, le postérieur en éruption, marqué par les traces circulaires des trous du paddle et piqueté de petites cloques blanchâtres. La supérieure lui concéda quelques instants pour reprendre ses esprits et l’autorisa à se redresser. Josie se pencha pour ramasser sa petite culotte et tenta de la renfiler, maladroite, comme si la cuisson de la fessée en dilatant ses membres l’avait rendue encore plus ajustée que d’habitude.
- Qui vous a autorisée à vous rhabiller, Mademoiselle ?
- Mais, ma Mère !
- Il n’y a pas de « Mais, ma Mère », tenez-vous correctement, les mains le long du corps, combien de fois devrai-je vous le répéter ! Le temps est maintenant venu de méditer sur vos fautes et de faire provision de bonnes résolutions ! Faites pénitence, ma fille, vous en avez besoin !
Mère Mary Beverly lui désigna un prie-Dieu en palissandre noir face à un grand crucifix en ivoire accroché au mur. A moitié aveuglée par ses larmes, Josie se mit à genoux sur le coussin de velours rouge, les coudes posés sur le dosseret et les mains jointes, comme on le lui avait ordonné.
La Supérieure se rassit alors à son bureau et reprit la lecture qu’elle avait dû interrompre à l'arrivée de Josie. La tension retomba. Au léger froissement des pages ne répondaient plus maintenant en écho que quelques sanglots étouffés. Ses pensées étaient ailleurs. A la joie secrète qui venait de l'enflammer. Et qui se consumait encore à la vision de ces deux petites fesses écarlates tournées vers elle. Un sourie illumina son visage tandis qu'elle réfléchissait au prétexte qu'elle pourrait bien inventer à l'avenir pour avoir le plaisir de la fesser une nouvelle fois.
Le Père Huxley, qui passa la tête inopinément dans l'entrebâillement de la porte à ce moment-là, lui lança un clin d'oeil complice. Il ne faisait aucun doute que l'aumônier saurait également tirer parti de cette aubaine pour demander à son tour à Josie de venir se confier à lui dans le secret de la confession. C'est comme si elle l'entendait déjà formuler la pénitence à laquelle il allait la soumettre : une fessée déculottée ou une petite gâterie, à son choix. Et le connaissant, elle ne se faisait guère d'illusion, il commencerait par l'une pour terminer par l'autre.
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